Cet article s’intéresse à la présence de la parenté ou de l’alliance à plaisanterie dans le théâtre de Jean Pierre Guingané et spécifiquement dans « Le Fou ». Il analyse la façon dont l’auteur utilise la parenté ou l’alliance à plaisanterie pour renforcer la dimension esthétique et sociale de son écriture dramatique. L’article fait appel aux méthodes d’analyse du texte théâtral et à la sociologie de la culture pour appréhender les valeurs ludique et pédagogique de la parenté à plaisanterie et du théâtre. La parenté à plaisanterie s’exprime sous des formes et des terminologies variables selon les contextes. Connue sous le terme Rakiré chez les Mossé du Burkina Faso, elle peut renvoyer à des pratiques destinées à la purgation des tensions entre des groupes distincts ou à des manifestations de détente favorisées par des liens matrimoniaux scellés entre deux lignages. C’est cette forme d’expression du Rakiré qui est convoquée par Jean-Pierre Guingané dans la scène 2 de l’acte premier du « Fou ». Dans cette scène, le Rakiré est exprimé à travers une joute verbale faite d’allusions, de provocations, de taquinerie, mais surtout avec une bonne humeur, caractéristique essentielle de cette pratique sociale. Il s’agit donc ici d’une mise en scène par anticipation des conflits sociaux de sorte à les prévenir, à les conjurer par le divertissement.
Esthétique, Conflit, Parenté à plaisanterie, Pratique sociale, Théatre