Cet article aborde la problématique du développement telle que reflétée dans le livre de Othmar Franz Lang intitulé Geh nicht nach Gorom-Gorom (Ne vas pas à Gorom-Gorom) paru en langue allemande en 1984. Gorom-Gorom est une petite ville sahélienne du Nord du Burkina Faso dont les conditions de vie très austères suscitent un élan de solidarité internationale pour soulager la population.
L’analyse de ce livre de O. F. Lang souligne qu’au-delà du développement matériel qui explique la présence, dans cette ville, de coopérants allemands, la problématique du développement entraine ou révèle des divergences de vues sur les plans philosophique et culturelle, et donc comportemental.
L’analyse des défis interculturels dans Geh nicht nach Gorom-Gorom de O. F. Lang donne d’abord un bref aperçu du contenu de l‘ouvrage, rappelle ensuite le passé colonial africain caractérisé par des conflits culturels, des relations de dominants à dominés entre les colonisateurs et les populations colonisées. De ces rencontres ou confrontations culturelles sont nés un certain nombre de clichés qui ont perduré bien après la période coloniale. L’analyse de l’ouvrage de O. F. Lang mentionne également de nombreuses préoccupations de la vie quotidienne à Gorom-Gorom et la perception différenciée qu’en ont d’une part les habitants eux-mêmes et, d’autre part, les coopérants européens, notamment allemands. Il s’agit des problèmes liés à la santé, à l’eau, à l’environnement, à la pauvreté. L’analyse souligne que le texte de O. F. Lang fait allusion à l’existence, d’une part, de compétences locales à Gorom-Gorom, notamment en matière de santé et de production de richesses, mais aussi d’une certaine ignorance, d’une résignation face aux questions environnementales, d’autre part.
Il apparaît finalement que la question plus englobante du développement ne relève pas simplement du « développementalisme » (Monica Kalt), mais aussi de la perception des choses et du monde : pendant que les coopérants allemands s’efforcent d’améliorer les conditions matérielles de vie, les populations de Gorom-Gorom semblent plutôt s’adapter à ce qui serait l’ordre normal des choses. Il semble alors nécessaire que les populations locales (Gorom-Gorom apparaissant comme un pars pro toto représentant le Burkina Faso, l’Afrique) et les partenaires au développement réexaminent respectivement leur vision des choses et de l’autre afin de sortir de l’aporie qui a trop longtemps caractérisé les rencontres culturelles entre l’Afrique et le monde occidental.