Introduction : L’infection par le virus de l’hépatite B (VHB) est un problème majeur de santé publique dans le monde entier dont environ 60 millions de personnes chroniquement infectées par le VHB en Afrique Sub-saharienne. Chez les patients atteints d’une infection chronique par le VHB, l’évaluation de la maladie hépatique et l’instauration d’un traitement antiviral reposent principalement sur trois mesures le taux d’alanine aminotransférase (ALAT), la charge virale et l’estimation de la fibrose hépatique. À l’exception des taux d’ALAT, ces tests sont difficiles à réaliser dans la pratique clinique en Afrique et constituent donc des obstacles majeurs à l’extension des interventions de dépistage et de traitement du VHB dans cette région. Cette étude visait à évaluer si les taux d’AgHBs seuls sont précis pour identifier les sujets en phase d’infection chronique par le VHB négatif et sélectionner les sujets pour une thérapie antivirale parmi les personnes infectées par le VHB n’ayant jamais reçu de traitement en Afrique.
98 Programme 3 ème congrès SO.BU.HGE.ED
Patients et méthodes : Les données de patients africains infectés par le VHB et n’ayant jamais reçu de traitement, enrôlés dans des cohortes africaines (Burkina Faso/Gambie/ Sénégal) et européennes (France/Allemagne), ont été analysées rétrospectivement. Les données comprenaient des informations démographiques de base et des données de laboratoire. Les patients ayant une consommation excessive d’alcool (20g/jour), ou une co-infection par le VIH, le VHC ou le VHD ont été exclus de l’analyse finale.
Résultats : Nous avons extrait les données de 944 patients africains naïfs de traitement, atteints d’une infection chronique par le VHB et présentant des taux d’AgHBs disponibles La plupart d’entre eux ont été recrutés en Afrique de l’Ouest (n = 882) dans le cadre de l’étude PROLIFICA. Nous avons analysé 770 patients mono-infectés par le VHB et naïfs de traitement, principalement des hommes (61%) originaires d’Afrique de l’Ouest (92%), d’âge médian 35 ans (IQR : 30-44), ADN VHB médian : 95,6 UI/ml (10,0-1,300,0) ; AgHBs quantitatif: 5,498 UI/ml et AgHBe positif 38 (5%). Au total, 464/770 (60,2 %) ont été infectés par le virus de l’immunodéficience humaine. La corrélation entre l’ADN du VHB et les niveaux de l’AgHBs quantitatif était faible pour identifier ces sujets avec un AUROC de 0,58 (IC 95 % 0,54-0,62), une sensibilité de 55,0 % et une spécificité de 55,6 %. 118/770 (15,3 %) étaient éligibles pour un traitement selon les critères 2017 de I’EASL. L’AgHBs quantitatif était faiblement corrélé avec l’ADN du VHB et avait une faible précision pour sélectionner les patients pour un traitement antiviral avec un AUROC de 0,54 (0,49-0,60), une sensibilité de 46,6 % et une spécificité de 46,9%. Chez les sujets africains infectés par le VHB et n’ayant jamais été traités, l’utilité clinique de l’AgHBs quantitatif pour identifier les sujets en phase d’infection AgHBe-négative ou les sujets éligibles pour une thérapie antivirale semble futile. La question de savoir si les niveaux de l’AgHBs quantitatif peuvent être utilisés comme prédicteurs des complications hépatiques à long terme en Afrique doit faire l’objet d’une étude plus approfondie.
Conclusion : En conclusion, bien que la quantification des niveaux d’Ag HBS soit un test simple et peu coûteux, son utilité clinique pour identifier les sujets à faible risque de progression de la maladie hépatique ou les sujets éligibles pour un traitement antiviral immédiat en Afrique est faible. Des marqueurs et des stratégies supplémentaires sont nécessaires pour simplifier la stratification des sujets infectés par le VHB afin d’intensifier les interventions de dépistage et de traitement en Afrique.