Cet article traite de la problématique des lieux et des espèces animales et végétales sacralisés par
l’humain et les relations de pouvoir et de vénération entretenues. L’objectif principal de l’étude
est d’appréhender la territorialité des silures et des pratiques associées à leur sacralité dans la
commune urbaine de Bobo-Dioulasso au Burkina Faso. À travers une approche socio-spatiale,
l’analyse montre que les silures sont considérés comme les aïeux ou des génies-protecteurs de la
communauté Bobo Mandarè, autochtone de la ville. Ils bénéficient de ce fait d’une considération,
d’une vénération et d’une protection par le peuple Bobo Mandarè. Les mesures de protection
consistent en l’interdiction à toute personne de les tuer, de les pêcher ou de les manger. Les
pratiques associées sont l’organisation de cérémonies rituelles d’adoration périodiques,
d’offrandes, d’enterrement, de funérailles et d’observation de deuil en cas de mort d’un silure, en
son mémoire. Les silures concourent à une configuration territoriale de la ville. Cependant, la
dynamique urbaine, les comportements inciviques de certains citadins et l’altération des
coutumes exposent ces silures sacrés à des risques de disparition, remettant en cause leur
sacralité. Des actions de sauvegarde sont envisagées pour pérenniser ce patrimoine et préserver
son insertion dans la dynamique urbaine de la ville de Bobo-Dioulasso.
Bobo-Dioulasso, silures sacrés, territorialité, sacralité