Depuis les années 1950, la Division de statistique de l'ONU a encouragé les pays à normaliser les définitions utilisées dans la collecte de données. Un concept clé utilisé dans les recensements et les enquêtes est le ménage : il s'agit de l'unité pour laquelle les informations sont collectées et analysées, et c'est donc une dimension importante des données qui sont à la base de nombreuses politiques. L’objectif de l’étude était de comprendre les disparités entre la conformité aux directives des Nations Unies et les priorités nationales. La documentation autour de la définition des ménages des Nations Unies a été analysée. En utilisant des données documentaires détaillées de recensement et d'enquête pour plusieurs pays africains, en particulier le Burkina Faso, le Sénégal, l'Ouganda et la Tanzanie, nous avons examiné les disparités entre les définitions nationales du concept de «ménage» dans les recensements de population et la définition de l'ONU. Les données issues des entretiens avec des informateurs clés au sein des bureaux nationaux de statistiques montrent la variabilité de l'importance accordée aux objectifs d'harmonisation des Nations Unies et les problèmes qui se posent lorsque ces approches normalisées interagissent avec les normes et les conditions de vie locales de chaque pays. Les résultats relèvent une tension entre l’application d’un concept de ménage qui reste largement eurocentrique et organisé autour d’un dénombrement complet où la plupart des ménages sont des familles nucléaires à des modes de vie plutôt différents en Afrique où les familles sont élargies. On se pose alors la question sur l’adéquation de ce concept dans le contexte africain. Dans certains pays la définition du ménage de l’ONU est adoptée avec une modification pour tenir compte du contexte local, ce qui pose un problème quant à la comparabilité des données sur le ménage.

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