Le 23 juin 2011, Blaise Compaoré, alors président du Burkina Faso, a convoqué un dialogue national censé engager des réformes politiques pour améliorer la gouvernance et désamorcer les crises sociopolitiques qui secouent le pays depuis l’assassinat de Norbert Zongo et de ses compagnons en décembre 1998. A l’ouverture des consultations, les forces religieuses ont imposé la laïcité dans l’agenda du dialogue. Elles avaient estimé qu’un dialogue national dans un contexte de crise ne pouvait se limiter à un dialogue sur des sujets essentiellement politiques qui relégueraient les forces religieuses à un rôle secondaire. Bien que leur requête ait été acceptée, la laïcité a été renvoyée à un débat ultérieur qui s’est finalement tenu en sept 2012 sous le nom de Forum national de la laïcité. Cette contribution revient sur le forum pour analyser, sur la base des archives, des sources de presse et par le recours aux sources orales, la façon dont l’État et les forces religieuses ont (re)négocié la laïcité en contexte de crise et de réveil politique du religieux.

État, laïcité, consensus