Cet article s’intéresse aux questions d’adaptation des œuvres littéraires, notamment celle des personnages de la littérature au cinéma. Si cette pratique n’est pas récente en Afrique francophone, elle a le plus souvent concerné les romans et les contes. Ainsi, l’étude s’appuie sur l’exemple du film Sia, le rêve du python de Dani Kouyaté (2001) inspiré de la pièce, La Légende du Wagadu vue par Sia Yatabéré de Moussa Diagana (1990).
À partir d’un rappel historique de l’installation de l’empire du Ghana d’où est issue la légende du Wagadu, la réflexion se poursuit sur la manière dont il est possible de collaborer entre dramaturge et cinéaste. Le personnage de Sia est bâti par son passage de la littérature orale (le mythe) à celle écrite (la pièce) et enfin le film. Kouyaté opte pour une adaptation amplificatrice, ce qui lui permet de pas dénaturer la pièce, mais plutôt de la valoriser, de la sublimer. La visée plus politique qu’il y intègre parvient alors à faire lire dans le passé des traces d’un présent pris dans l’engrenage du mensonge sur lequel on doit perpétuer le régime du nouveau Kaya Maghan. Le viol de la jeune femme à qui les deux créateurs donnent la parole la transforme en un être incompris qui se rebelle contre sa famille et son peuple. Elle devient l’héritière de son ami Kerfa le fou dont elle reprend le rôle, celui de dire la vérité.
Donner la parole à la femme, cela démontre la volonté de voir et de dire les choses telles qu’elles sont vraiment. C’est aussi donner la parole à ceux qui ne l’ont pas habituellement afin d’éveiller les consciences. Et ce devoir de vérité est qualifié de « folie ».
mythe, théâtre, cinéma, Kouyaté, Sia