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L’intégrité face à la corruption dans les services publics de l’éducation et la santé au Burkina Faso. Integrity in the face of corruption in public education and health services in Burkina Faso,
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Auteur(s): LINGANI Salfo
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Renseignée par : LINGANI Salfo
Résumé

L’intégrité morale héritée de la société voltaïque a été ébranlée dans un paroxysme traduisant le pays des hommes intègres après un coup de force militaire (1983-1987). Cet héritage érigé en norme créatrice de sens « révolutionnaire » par le leader charismatique au sommet de l’Etat burkinabé a été mis en discours politique et promu en comportement altruiste en vue d’un effet d’entrainement dans une administration publique en construction et en besoin d’un usager confiant. Un autre coup d’arrêt (1987) a donné un sens néolibéral à l’Etat où le « citoyen » est devenu un client pris dans un processus de monétarisation des secteurs sociaux de base comme l’éducation et la santé, pourtant gratuits autrefois. Or, ces services publics ont été insuffisants face aux demandes croissantes de leurs usagers clients en quête de prestations à moindre coût par rapport aux services privés exorbitants. Cette mise en concurrence entre l’Etat et le privé a créé un terreau fertile à une pratique corruptrice des usagers clients (parent d’élève ou patient) à la merci de certains enseignants ou soignants, fonctionnaires opportunistes, à l’affut d’une rétribution financière illégale pour inscrire les élèves dans les lycées publics ou soigner les patients. Pris au piège d’une recherche de ces offres éducatives et/ou et sanitaires, publiques moins chères, les usagers clients (parent d’élève ou patient) ont été jeté en pâture dans une interaction avec ces enseignants et/ou soignants précarisés par un salaire insuffisant et une cherté crescendo de la vie. Ces fonctionnaires ont imposé une rétribution (financière, matérielle) illégale aux parents d’élève et/ou patients « adhésifs » à cette pratique à cause de la pression de leurs besoins urgents. Ils ont institué une pratique courante de corruption, de plus en plus banalisée et déployée sur des actes administratifs de l’éducation (bulletin, note) et de la santé (ordonnance, dossier ou certificat médical) au point qu’une rétribution soit instituée et systématiquement réclamée au parent d’élève ou patient. Cette réclamation a une procédure sémiotique utilisée subtilement entre parent d’élève ou patient corrupteur, intermédiaire et enseignant ou soignant corrompu selon une corruption pratiquée dans la capitale ou dans les provinces.
Le couple/duo constitutif de corrompu et corrupteur a formé une double face d’une même pièce monétaire en roue libre circulation financière d’une économie « occulte » issue des services publics où la pratique corruptive a gagné toute l’administration publique et s’est érigée en norme d’accès aux services publics (douane, police, transport). Les dénonciations et plaintes des usagers clients d’une corruption endémique, « invisible», ont été portées par la société civile en direction d’un pouvoir judiciaire qui a été, en revanche, inactive par une gestion bureaucratique à la recherche de preuve introuvable. L’impunité articulée à une corruption électorale périodique a complexifié l’action sensibilisatrice de la société civile en direction des populations (usager, agent public, citoyen) dans l’espace public burkinabé.
Abstract : The integrity inherited from Voltaic society was shaken to the core in the country of men of integrity after a military coup (1983-1987). The charismatic leader at the pinnacle of the Burkinabe state turned this heritage into a "revolutionary" meaning-creating norm, and turned it into political discourse and altruistic behavior, with a view to inspiring a public administration under construction and in need of confident users. Another setback (1987) gave a neoliberal meaning to the State, where the "citizen" became a client caught up in a process of monetization of basic social sectors such as education and health, which were once free. Yet these public services have proved insufficient to meet the growing demands of their user-clients, who are looking for services at lower cost than the exorbitant private services. This competition between the state and the private sector has created fertile ground for the corrupting practice of user-clients (parents or patients) who are at the mercy of certain teachers or carers, opportunistic civil servants on the lookout for illegal financial rewards for enrolling pupils in state schools or treating patients. Caught in the trap of seeking out these cheaper public educational and/or health services, client users (pupils' parents or patients) were thrown into an interaction with these teachers and/or carers, who were undermined by inadequate pay and a rising cost of living. These officials have imposed illegal retribution (financial, material) on parents of pupils and/or patients who "adhere" to this practice because of the pressure of their urgent needs. They have instituted a common practice of corruption, increasingly trivialized and deployed on the administrative acts of education (report card, grade) and health (prescription, file or medical certificate) to the point that a retribution is instituted and systematically claimed from the parent of the pupil or patient. This claim has a subtle semiotic procedure used between the corrupting parent or patient, the intermediary and the corrupt teacher or carer, according to the corruption practiced in the capital or in the provinces.
The corrupt and corrupting couple/duo formed two sides of the same coin in the freewheeling financial circulation of an "occult" economy stemming from the public services, where corrupt practices spread throughout the public administration and became the norm for access to public services (customs, police, transport). Denunciations and complaints by users of endemic, "invisible" corruption have been brought by civil society to the attention of the judiciary, which has, on the other hand, been inactive due to bureaucratic management in search of hard-to-find evidence. This impunity, combined with periodic electoral corruption, has made it more difficult for civil society to raise awareness of the issue among the general public (users, public officials, citizens) in Burkina Faso. Key words : Integrity, neoliberal policies, high living costs, corruption and impunity.

Mots-clés

Intégrité, révolution, politique néolibérale, corruption, impunité

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