Le présent article traite du système des classes nominales du kusaal, une langue de type gur
parlée au Sud-est du Burkina Faso et au Ghana. Nos analyses montrent que dans cette
langue, les bases nominales sont réparties entre quatorze classes nominales regroupées en huit
genres dont six genres binaires et deux genres unitaires. Les classes nominales, dans leur
collocation avec les bases nominales, sont affectées par des phénomènes morphophonologiques.
Elles assument cumulativement les fonctions classificatoire et quantificative. Le système de
classification nominale du kusaal est décadent car au stade actuel de la langue, il ne connait
pas le phénomène d’accord de classes. Cette décadence s’observe aussi à travers les valeurs
sémantico-référentielles des classes nominales. En effet, en dehors de la distinction entre noms
continus et noms discontinus et le regroupement des noms d’humains, il est quasiment
impossible de leur attribuer une valeur sémantico-référentielle spécifique. Au plan
méthodologique, notre démarche descriptive s’inspire des travaux de Houis (1977) et de
Creissels (1979 ; 1991 ; 2006 a). Ces auteurs ont travaillé dans la même optique
théorique, celle de la linguistique générale. Le corpus sur lequel reposent nos analyses est
constitué de 1 000 items lexicaux, de phrases et de textes natuels, notamment des contes et
des chants que nous avons recueillis à Zoaaga auprès des locuteurs natifs de la langue.
classe nominale, genre, morphophonologie