Un nouveau défi est lancé à tous les éducateurs. Ce défi prend sa source, aujourd’hui, dans le caractère inopérant de l’école, dans bien de contrées, face à la complexité des crises et des phénomènes qui nous assaillent. En quoi notre offre éducative relative au monde que nous habitons peut trouver son fondement dans une philosophie de l’immanence à l’ère à la fois de l’anthropocène et du planétaire ? Il y a une nécessité de passer d’une logique de savoirs déclaratifs à celle d’un questionnement réflexif sous-tendue par une interrogation éthique : « est-ce que ce que je fais est en accord avec ce que je dis ? », et l’élaboration « d’une pensée complexe » - « apprendre à penser plutôt que quoi penser ». La dimension tragique de ce constat qui se matérialise par la fréquence et la violence des conflits et des impasses de la vie individuelle et sociale, prend toute son ampleur lorsque l’on découvre que cette dissociation nous habite et que c’est prioritairement en notre esprit que nous devons en prendre conscience et chercher à la comprendre. La clé de ce changement de paradigme, réside dans l’exigence éthique qui doit présider à toutes nos actions, à tous nos engagements. Fort de cette approche et de l’exigence de compétences nouvelles pour enseigner à vivre, le présent article décrit les étapes et les résultats d’une recherche-action conduite en milieu scolaire à Koudougou au Burkina Faso. Partant des fondements du cahier de vie, et des « cinq vertus » qu’il véhicule, nous avons choisi pour ce séminaire de formation de 12 enseignants, une démarche qui tisse, sur la trame affective et sensible des acteurs et leurs représentations mentales, la "démarche chemin", démarche dialogique et participative, et la méthode d’investigation scientifique structurée par les 17 ODD et les 5 méta compétences qui permettent et prolongent leur mise en œuvre. Dans cette dialogique "praxis théorie", privilégiant une approche anthropologique des savoirs, nous nous sommes engagés dans un projet de "recherche-action". Pendant trois mois, 9 classes de 5 écoles (CE2, CM1, CM2) ont animé une fois par semaine, des ateliers pour aider les élèves à s’approprier un "nouvel outil de penser", la "pensée complexe", propice à l’émergence de comportements civiques induits par le questionnement réflexif et éthique. L’analyse et l’interprétation des cahiers de bord des élèves et les entretiens avec les enseignants ont permis de dégager les résultats de ces actions pédagogiques de médiations éducatives.

Développement durable, éthique, pensée réflexive